Axiome 54

Axiome 54

Axiome 54.   L’injustice dérive parfois de l’idée que l’erreur est préférable à la faiblesse

• La douleur que nous éprouvons lorsque nous réalisons que quelqu’un a sur nous des idées négatives est éprouvée comme une forme d’injustice, nous venons de le voir. C’est particulièrement vrai si nous voyons que nous ne pouvons rien faire pour plaider notre cause. Nous voyons clairement ce qui est erroné dans le jugement d’autrui. Nous en souffrons parce que c’est une erreur qui porte sur nous. Et cependant, nous voyons aussi l’incapacité où nous sommes de rectifier son jugement. Nous ployons alors sous le sentiment de la fatalité de l’injustice. De poignants témoignages de ce type de sentiments nous ont été laissés, par exemple, par ceux que Staline accusait d’avoir été des traîtres à la révolution, eux qui savaient y avoir été loyaux. Le fond de leur cœur hurlait l’injustice. Ils le faisaient savoir dans des lettres pathétiques qui étaient dûment transmises au « petit père des peuples ». Staline restait implacable, bien entendu. Et n’y a-t-il pas quelque chose d’admirable dans ce côté inflexible, qui préfère l’erreur à la faiblesse ? Chacun sait qu’une révolution a plus besoin de fermeté que de justice. C’est le raisonnement que durent se faire ceux qui, dans l’entourage de Staline, virent tout cela. Et cependant, ce n’est sans doute qu’avec quelque difficulté qu’ils purent échapper au sentiment de leur propre mauvaise foi. Peut-être, pour comprendre à défaut d’accepter ce qu’ils voyaient, se dirent-ils que ceux qui n’ont pas de noblesse d’âme n’en prêtent pas non plus aux autres. Idée qui peut s’axiomatiser telle quelle, comme nous allons le voir.