Axiome 31

Axiome 31

Axiome 31.   Les offenses sont, le plus souvent, constituées par ce qu’une personne croit qu’une autre pense d’elle

• Nombreux sont les proverbes et autres préceptes moraux qui nous répètent, avec des variations multiples dans la forme, mais infimes sur le fond, une seule et même chose. C’est celle-ci : « prends garde à ce que les autres pensent de ce que tu penses d’eux » (une variante du « prends garde à ta réputation »). Les autres agissent avec nous en fonction de ce qu’ils pensent de nous, mais plus encore en fonction de ce qu’ils pensent que nous pensons d’eux. La plupart des « offenses » que nous faisons aux autres ne proviennent pas d’actes que nous avons faits à leur encontre, mais uniquement de ce qu’ils croient que nous pensons d’eux. Ces offenses sont donc perceptibles seulement par ceux qui les éprouvent. C’est ainsi que l’arrogance est presque constamment déconseillée par les textes moraux. En soi, l’arrogance n’a rien de bon ou de mauvais. Mais l’homme qui voit un autre arrogant jugera que ce dernier a vraisemblablement du mépris pour lui. Une fois que le mépris est suspecté chez l’autre, la machine à riposte est enclenchée. Il est donc rationnellement juste de déconseiller l’arrogance. Qu’on le fasse par le moyen de proverbes ou par le moyen de raisonnements mettant en jeu « ce que l’autre pense qu’on pense de lui » n’a pas une importance capitale. Ce qui compte davantage est que la forme de l’exposition soit efficace. C’est-à-dire qu’elle débouche sur une modification de l’action. On ne peut, bien entendu, pas contrôler le mécanisme par lequel nos congénères se forment des idées de nous. Tout ce que nous pouvons faire est d’éviter de donner prise à quelques grossières erreurs. Et c’est à cela seulement que visent un grand nombre de maximes morales.